Rome, Italie, 4 novembre 2011 / 6h00 (CNA/EWTN News).
Le Juif New-Yorkais qui a consacré sa vie à la recherche de la vérité sur Pie XII croit que le pontife romain, en temps de guerre, a en réalité sauvé secrètement la vie de Juifs à Rome, jusqu’à se déguiser en franciscain.
Gary Krupp a découvert la preuve par hasard dans une lettre écrite par une Juive dont la famille a été sauvée grâce à l’intervention du Vatican.
« C’est une lettre inhabituelle, écrite par une femme qui est aujourd’hui vivante dans le nord de l’Italie, et qui racontait qu’elle était avec sa mère, son oncle et quelques autres parents en audience avec le Pie XII en 1947 ». À-côté du pape Pie XII, pendant la rencontre, se trouvait son Secrétaire d’Etat adjoint, Mgr Giovanni Montini, le futur pape Paul VI.
« Son oncle regarde immédiatement le Pape et dit : « Vous étiez habillé comme un franciscain », puis il avait regardé Montini, qui était debout à-côté de lui, « et vous comme un prêtre régulier. Vous m’avez sorti du ghetto pour m’amener au Vatican ». Montini répondit immédiatement : « Silence, ne répétez jamais cette histoire ».
Krupp croit l’affirmation être vraie parce que la personnalité du Pape en tant de guerre était telle qu’il « avait besoin de voir des choses de ses propres yeux ».
« Il avait l’habitude de se rendre en voiture dans des zones bombardées de Rome et n’en avait certainement pas peur. Je peux le voir entrer le ghetto regarder ce qui était en train de se dérouler », dit Krupp.
Krupp et sa femme Meredith ont créé la fondation « Pave the Way » en 2002 afin « d’identifier et d’éliminer les obstacles non-théologiques entre les religions ». En 2006, il lui a été demandé par les responsables juifs et catholiques d’examiner “la pierre d’achoppement” de la réputation du Pape Pie XII en temps de guerre. Krupp, personne optimiste âgée de 64 ans et venant de Long Island, N.Y., pensa qu’il avait enfin brisé un mur.
« Nous sommes Juifs. Nous avons grandi en détestant le nom de Pie XII », dit-il. « Nous avons cru qu’il était antisémite, nous avons cru qu’il était un collaborateur nazi – toutes les déclarations qui ont été faites sur lui, nous les avons crues ».
Mais quand il a commencé à regarder les documents de cette époque, il a été choqué. Puis « il passa du choc à la colère. On m’avait menti », dit Krupp.
« Dans le Judaïsme, l’un des traits de caractère les plus importants qu’il faut avoir est la gratitude, ceci est très important, cela fait partie de la loi juive. L’ingratitude est l’un des traits les plus épouvantables et c’était de l’ingratitude en ce qui me concernait ».
Krupp approuve maintenant fermement les conclusions de Pinchas Lapide, le dernier historien juif et diplomate israélien qui a dit que les actions directes de Pape Pie XII et du Vatican ont sauvé approximativement 897 000 vies juives pendant la guerre. « Pave the Way » possède plus de 46 000 pages de documentation historique soutenant cette assertion, laquelle a été affichée sur son site web avec de nombreuses interviews avec des témoins oculaires et des historiens.
« Je crois que c’est une responsabilité morale, ceci n’a aucun rapport avec l’Eglise Catholique », dit Krupp, “cela a seulement un rapport avec la responsabilité juive de reconnaître un homme qui a en réalité agi pour sauver un très grand nombre de vies juives partout dans le monde entier bien qu’étant entouré de forces hostiles, infiltrées par des espions et sous la menace de mort ».
Krupp a expliqué que le pape Pie XII a utilisé le réseau mondial d’ambassades du Saint-Siège afin d’aider à faire sortir les Juifs de l’Europe occupée. Pour ce faire, le Vatican a secrètement demandé des visas à la République dominicaine – 800 à la fois – afin de contribuer aux efforts de secours des Juifs. Cette seule initiative est estimée avoir sauvé plus de 11 000 vies juives entre 1939 et 1945.
Tout près de la maison, les couvents et les monastères de Rome – territoire neutre durant la guerre – ont été utilisés comme cachettes pour les Juifs.
Krupp suppose que les actions de guerre du pape Pie XII, dont le nom de naissance était Eugenio Pacelli, peuvent être plus profondément comprises à la lumière de sa propre histoire. Son grand ami d’enfance était Guido Mendes, appartenant à une famille juive réputée de Rome. Ensemble ils ont appris la langue hébraïque et ont partagé des dîners de Shabbat les jours de Shabbat juifs.
Plus tard, lors de son élection à la papauté en 1939, A.W. Klieforth, le consul général américain à Cologne, envoya un télégramme secret au Département d’État américain expliquant l’attitude du pape Pie XII à l’égard du nazisme en Allemagne.
Le nouveau Pape « s’est opposé invariablement à chaque compromis avec le national-socialisme », a écrit Klieforth, après une discussion privée avec le pontife romain au Vatican. Les deux hommes se s’étaient connus durant les douze ans pendant lesquels Pacelli était nonce (ambassadeur du pape) en Allemagne.
Le pape Pie XII, a expliqué Klieforth, « considérait Hitler non seulement comme une crapule indigne de confiance mais également comme une fondamentalement mauvaise personne », et « n’a pas cru Hitler capable de mesure ». Partant de là, il « a entièrement soutenu les évêques allemands dans leur position antinazie ».
Krupp décrit la réputation du pape en temps de guerre aussi bien rayonnante qu’intacte jusqu’en 1963, lorsque l’écrivain allemand Rolf Hochhuth rédigea sa pièce, « le Vicaire ». Il dépeignit le pape Pie XII comme un hypocrite resté silencieux durant la persécution juive.
Le site de « Pave the Way » apporte la preuve détenue par un ancien officier de haut rang du KGB, Ion Mihai Pacepa, qui affirme que les propos ternissant la réputation du pape sont le fruit d’une opération soviétique d’intoxication (« seat 12 », ndlr).
Krupp explique comment les communistes ont voulu « discréditer le Pape après sa mort, détruire la réputation de l’Eglise catholique et, plus significativement pour nous, isoler les Juifs des catholiques. Il ont très bien réussi dans les trois domaines ».
Mais il croit aussi fermement qu’une révision fondamentale du rapport à la guerre du pape Pie XII est désormais en bonne voie de réalisation. « Le barrage est rompu maintenant, sans aucun doute » dit-il.
Ironiquement peut-être, Krupp dit qu’il rencontre plus de résistance quand il parle dans les paroisses catholiques que dans les synagogues juives. « Beaucoup de Juifs », explique-t-il, « ont été extrêmement reconnaissants, disant : « je suis très heureux d’entendre ces propos. Je n’ai jamais voulu croire cela de lui, particulièrement ceux d’entre nous qui le connaissaient, qui étaient assez vieux pour le connaître ».
Traduction : G. Brottier