La récente ouverture de certaines sections des archives secrètes du Vatican a permis de constater que le pape Pie XII a non seulement contribué à sauver des milliers de juifs des rafles nazies, mais qu’il a également sauvé leur patrimoine. Ainsi, des évêques se sont mobilisés pendant la guerre pour défendre les synagogues.
La Fondation « Pave the Way » a annoncé le 29 juin dernier que ses chercheurs avaient découvert des documents d’une « grande importance ».
Michael Hesemann, historien allemand et représentant de la Fondation, est à la recherche de documents dans les archives du Vatican. Il a découvert une lettre envoyée par le cardinal Eugenio Pacelli, devenu Pie XII, datée du 30 novembre 1938, seulement trois semaines après la Nuit de cristal (9-10 novembre).
Dans cette lettre, envoyée aux nonciatures et aux délégations apostoliques, ainsi qu’à 61 évêques, le cardinal demandait 200.000 visas pour « des catholiques non aryens ». Un peu plus d’un mois plus tard, le 9 janvier 1939, il envoya trois lettres supplémentaires.
Michael Hesemann a expliqué que ce langage – le cardinal Pacelli parle de « juifs convertis » et de « catholiques non-aryens » – est très vraisemblablement destiné à tromper les Nazis pour ne pas révéler ses vrais plans.
A cette époque, sous le concordat de 1933, l’Allemagne autorisait le Saint-Siège à aider les « catholiques non-aryens ».
La Fondation précise que le cardinal Pacelli a demandé de manière spécifique dans sa lettre « que l’on veille à ce que des sanctuaires soient mis à disposition pour sauvegarder leur vie spirituelle et protéger leur culte, leurs coutumes et leurs traditions religieuses ».
Persécutés
Le communiqué explique que le cardinal ne semble pas faire référence à des juifs convertis qui, par le baptême « viennent de devenir des catholiques normaux », sans « sanctuaires, coutumes ou traditions propres ».
De nombreux évêques ont répondu à la demande du cardinal et des documents montrent qu’ils parlent d’aider les « juifs persécutés » et non pas les « juifs convertis » ou les « catholiques non-aryens ».
Matteo Luigi Napolitano, professeur de sciences politiques à l’Université de Urbino, en Italie, a expliqué à Zenit que l’une des lettres du 9 janvier 1939 est encore plus explicite.
Cette lettre aussi a été envoyée à plus de 60 prélats et, selon Matteo Luigi Napolitano, les instructions, rédigées en latin « ne laissent aucun doute sur les intentions du Saint-Siège et les pensées d’Eugenio Pacelli ».
« N’entreprenez pas de sauver seulement les juifs mais aussi les synagogues, les centres culturels et tout ce qui appartient à leur foi : les rouleaux de la Torah, les bibliothèques, etc. », écrit le cardinal Pacelli, selon le professeur italien.
La Fondation a expliqué que ce point est important car de nombreux historiens ont reconnu uniquement les efforts de Pie XII pour sauver des juifs convertis, mais les preuves semblent montrer autre chose.
Matteo Luigi Napolitano poursuit : « Etant donné que beaucoup de ceux qui ont critiqué ce pontificat n’ont pas encore accepté la menace prouvée des Nazis contre l’Etat du Vatican et la vie du pape Pie XII lui-même, ils semblent ne pas comprendre le besoin de tromper en envoyant uniquement des instructions codées ou verbales ».
La Fondation explique que les expressions « catholiques non-aryens, non-aryens, et juifs catholiques voulaient en réalité toutes dire juifs », bien que de manière codée afin que « si les documents étaient interceptés, cette duperie ne déclenche pas l’alerte rouge car le concordat signé en 1933 prévoyait de manière spécifique la protection pour les juifs convertis au christianisme ».
Supprimer les obstacles
Le président de la Fondation, le juif américain Gary Krupp, a rappelé que la mission de la Fondation est d’« identifier et supprimer les obstacles non-théologiques entre les religions », comme les divergences concernant le pontificat de Pie XII pendant la deuxième guerre mondiale.
Dans cette perspective, a-t-il expliqué, la Fondation a entrepris le « projet de retrouver autant de documents possibles du temps de la guerre ainsi que des témoignages de témoins oculaires, et de les publier, pour que la vérité puisse se faire jour ».
Elliot Hershberg, le président de la Fondation, a déclaré que l’organisation poursuivra son travail de recherche de documents car tout ce qu’elle a trouvé jusqu’ici semble indiquer que la perception négative généralisée que l’on a de Pie XII est infondée.
La Fondation a plus de 40.000 pages de documents sur son site, ainsi que des vidéos de témoins oculaires, mis à la disposition de tous.
Elliot Hershberg affirme par ailleurs : « Nous croyons également que beaucoup de juifs qui ont réussi à quitter l’Europe ne savent peut-être absolument pas que leurs visas et leurs documents de voyage ont été obtenus grâce à ces efforts du Vatican ».
Ronald Rychlak, auteur de « Hitler, la guerre et le pape » estime que cette découverte, par la Fondation, est « une autre confirmation » des « bonnes oeuvres du pape Pie XII et de l’Eglise catholique ».
« Ce document est important parce qu’il montre ce que beaucoup d’entre nous affirment depuis toujours, à savoir que les efforts qui semblaient être destinés à la protection des juifs convertis uniquement, étaient en réalité destinés à protéger les juifs, indépendamment de leur conversion », a-t-il déclaré. Pour tout renseignement supplémentaire, cf. site de la Fondation « Pave the Way »: www.ptwf.org
Source : Zenit
Tout ça est bien beau, mais on oublie de citer la filière d’extraction de nazis du Vatican après la guerre, la couverture de criminel tels que Pavelic, entre autres … le blanchiment de la fortune des nazis croates qui vient bien évidemment en grande partie des juifs …
Pie XII a sauvé beaucoup de juifs, c’est certain, mais la légende n’est pas toute dorée comme le dit ce blog, elle n’est pas toute noire non plus.
Il faudrait peut-être préciser plus clairement que les documents en question, de novembre 1938 et janvier 1939, datent d’une époque où Pacelli n’était pas encore Pie XII : s’en servir, comme le fait monsieur Napolitano, pour défendre le pontificat de Pie XII contre ceux qui l’attaquent, frise là aussi la malhonnêteté intellectuelle. Pacelli était secrétaire d’Etat, certes, mais il n’était pas calife à la place du calife, si je puis dire. Il travaillait sous les ordres de Pie XI : la fermeté avec laquelle ce dernier défendit son autorité de gouvernement, jusqu’à sa mort, est connue et confirmée par les archives récemment ouvertes, de même que le zèle et la fidélité de son secrétaire d’Etat dans l’exécution des décisions de son supérieur (je renvoie tout particulièrement aux compte-rendus des audiences de Pacelli avec Pie XI, dont l’Archivio Segreto Vaticano vient de commencer la publication). Ce renvoi constant aux actes de la papauté ratienne pour démontrer la sanctification de Pie XII est vraiment agaçante.