L’association Médias & Evangile, regroupant de nombreux professionnels des médias, appelle la presse à traiter l’actualité liée à Pie XII en toute justice et vérité. Pour aller plus loin, elle donne en lien notre blog.
A la mort de Pie XII en 1958, Golda Meir rend hommage au défunt pape, rappelle Médias & Evangile dans un communiqué : « Quand le terrible martyre de notre peuple arriva, pendant la décennie de la terreur nazie, la voix du Pape s’éleva pour les victimes … Nous pleurons un grand serviteur de la paix ».
Le 20 décembre 2009, le journaliste politique Alain Duhamel déclare : « Si Benoît XVI, effectivement, va jusqu’au bout de sa démarche, c’est à dire commencer à béatifier Pie XII, moi je lui suggère de ne pas oublier Papon… parce que c’est la même logique. » Le contraste est saisissant. Entre deux, une pièce de théâtre, Le Vicaire, présentée pour la première fois en 1963, fut le point de départ d’une polémique que la vérité historique peine à éteindre.
Tandis que cette polémique rebondit à l’occasion de la « reconnaissance des vertus héroïques » de Pie XII, approuvée à l’unanimité des cardinaux, Médias & Evangile appelle la presse à traiter cette actualité en toute justice et vérité. Pour y contribuer, l’association rappelle trois éléments qui éclairent à la fois le rôle véritable du pape pendant la guerre et le travail mené par des experts juifs sur cette question :
1. La fondation new-yorkaise Pave the way annonce son intention de proposer à Yad Vashem la remise du titre de « Juste parmi les nations » à Pie XII – Source Zenit
2. Paolo Mieli dénonce une « manipulation historique » et juge « absurdes » les accusations contre Pie XII – Portail du judaïsme italien Moked
3. Pie XII aurait demandé aux couvents de cacher des juifs pendant la guerre – Dépêche AFP du 7 août 2006
Pour vous permettre de consulter directement ces sources, nous les reproduisons ici :
Source 1 : La fondation new-yorkaise Pave the way annonce son intention de proposer à Yad Vashem la remise du titre de « Juste parmi les nations » à Pie XII – Agence Zenit
Zenit – 3 juillet 2009 – La Fondation Pave the way (PTWF) a annoncé son intention de proposer à Yad Vashem, le mémorial de l’Holocauste à Jérusalem, la remise du titre de « Juste parmi les nations » à Eugenio Pacelli, le pape Pie XII. La fondation, dont le siège est à New York, a obtenu du bureau du Département des Justes parmi les nations de Yad Vashem, les lignes directrices pour proposer une personne pour la reconnaissance, et s’active actuellement dans ce sens. Le président de l’organisation, Gary Krupp, affirme que la « PTWF a consacré des années à recueillir des documents et des témoignages vidéos originaux sur ce pontificat controversé et pense avoir découvert une documentation suffisante pour commencer à chercher des témoignages écrits authentiques pour donner officiellement le feu vert à cette procédure », rappelle un communiqué de la fondation envoyé à Zenit.
Zenit – 16 septembre 2009 – Cette initiative a été annoncée à Benoît XVI par le fondateur et président de « Pave the Way », Gary Lewis Krupp, à l’occasion de l’audience générale de ce 16 septembre, en la salle Paul VI du Vatican : il a également remis au pape un livre sur Pie XII, « en signe de gratitude pour les initiatives de Benoît XVI en faveur du dialogue entre catholiques et juifs ».
Source 2 – Paolo Mieli dénonce une « manipulation historique » et juge « absurdes » les accusations contre Pie XII – Portail du judaïsme italien Moked
Rome, 10 juin – La « réhabilitation » de la figure du pape Pacelli apparaît toujours plus concrète et acceptée, par des experts d’origine juive et au delà. C’est ce qui ressort d’une rencontre à l’Institut Luigi Sturzo de Rome, à l’occasion de la présentation du livre En défense de Pie XII – Les raisons de l’histoire, publié sous la direction de Giovanni Maria Vian, directeur de L’Osservatore Romano. Parmi les personnalités présentes : le cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone, le journaliste Paolo Mieli et les historiens Giorgio Israel et Roberto Pertici. … Paolo Mieli, qui s’est défini comme « laïque de sang juif et parent de disparus dans la Shoah », a dit juger « absurdes » les accusations contre Pie XII, et il a dénoncé une « manipulation historique » qui reste à « décrire et raconter ». Selon lui, elle fut encouragée par un monde «protestant et progressiste» visant à faire porter à Pie XII et à l’Eglise le poids de la faute du siècle. Ce « torrent en crue » de griefs « non encore calmé », a souligné l’historien et journaliste juif Giorgio Israel, fournit même la clé actuelle de « certaines attitudes hostiles à Benoît XVI ». Un faux-semblant « politiquement correct » pousse à diaboliser quiconque ne suit pas certains clichés même s’il a visé au bien, comme ce fut le cas de Pie XII, dont pourtant les efforts pour sauver le plus grand nombre possible de juifs avaient été immédiatement reconnus par ceux qui en avaient été les bénéficiaires directs et les témoins. Ces mérites (a souligné Roberto Pertici) ont été méconnus dans le monde anglo-saxon et cachés dans le monde soviétique, irrité par l’anti-totalitarisme de Pie XII et de l’Eglise en général. Une Eglise qui, au contraire et à différentes occasions, s’est montrée proche des persécutés, et qui, avec le récent voyage de Benoît XVI en Terre Sainte (a conclu Paolo Mieli), a manifesté sa « bonne volonté » dans le dialogue avec le judaïsme.
Source 3 – Pie XII aurait demandé aux couvents de cacher des juifs pendant la guerre – Dépêche AFP du 7 août 2006
Le couvent romain des Santi Quattro Coronati a abrité durant l’occupation nazie des réfugiés politiques et des juifs sur l’ordre direct du pape Pie XII, selon le journal d’une des sœurs augustines du couvent, à paraître dans le mensuel italien Trenta Giorni. Selon le quotidien La Stampa, qui a eu accès à ce journal vieux de plus de 60 ans, le pape qui a été souvent critiqué pour avoir gardé le silence durant l’Holocauste avait donné instruction à la mère supérieure d’ouvrir exceptionnellement la clôture de ce couvent de contemplatives pour y accueillir des personnes recherchées par les Allemands. La rédactrice anonyme de ce journal a consigné de façon détaillée la date et les noms de plus de dix personnes juives et non juives cachées plus ou moins longtemps dans le couvent de septembre 1942 à juin 1944, et parmi elles la petite Amalia Viterbo, la nièce juive de Palmiro Togliatti, le célèbre homme politique italien, l’un des créateurs du Parti Communiste Italien et secrétaire du Kominterm avant guerre. La sœur augustine écrit notamment que le pape veut sauver “ses enfants ainsi que les juifs” et ordonne que les monastères, y compris les clôtures, soient ouverts à ceux qui sont persécutés. Plus tard, quand la supérieure du couvent s’apercevra que les SS ne respectent pas les monastères de femmes, elle fera établir de faux papiers d’identité pour ses pensionnaires par un policier italien résistant, écrit La Stampa. Le journal de la sœur des Santi Quattro Coronati devrait intéresser les historiens qui se déchirent depuis 60 ans sur l’attitude du pape Pacelli face aux camps de concentration et à la Shoah dont certains l’accusent d’avoir été complice par son silence.