Himmler et le christianisme

Une biographie de Heinrich Himmler permet de comprendre la haine antichrétienne des nazis

L’historien Peter Longerich est l’auteur d’une monumentale biographie d’Heinrich Himmler, le sinistre chef de la SS, acteur majeur de la mise en place de la Shoah, qui vient d’être publiée en France (Peter Longerich, Himmler. L’éclosion quotidienne d’un monstre ordinaire, éditions Héloïse d’Ormesson, 2010, 916 pages, 30 €).

Ceux qui s’intéressent aux rapports entre le national-socialisme et le christianisme y trouveront un certain nombre d’éléments forts intéressants sur la haine antichrétienne du pouvoir nazi.

Bien qu’issu d’une famille catholique, Himmler devient, au fil de sa conversion au national-socialisme, un adversaire acharné du christianisme. Peter Longerich décrit en détails les multiples raisons de cette haine. D’un point de vue personnel, Himmler rejette avec violence la morale sexuelle de l’Eglise catholique dans laquelle il perçoit l’origine de plusieurs de ses incapacités, notamment son développement sexuel tardif et ses difficultés matrimoniales. Il l’accuse également d’engendrer des tentations homosexuelles auxquelles il aurait été lui-même soumis dans sa jeunesse (p.261).

Autre raison pour éradiquer le christianisme : le projet racial aryen et la défense de la germanité. Aux yeux d’Himmler, la race germanique a été pervertie par sa conversion au christianisme. Le combat mortel contre les sous-hommes (juifs, slaves) nécessite de libérer les Allemands des principes chrétiens (la charité, l’amour du prochain) pour mieux faire émerger les « vertus » germaniques.

Germanisation et déchristianisation appartiennent, pour Himmler, au même processus. Selon l’auteur, ce combat antichrétien est la « mission de sa vie » et la « vocation première » de la SS (p.261). Il n’y a donc, pour Longerich, aucun doute : « L’anticommunisme et l’antisémitisme d’Himmler ne font aucun doute, et il extermina sans pitié ces deux groupes d’opposants. Mais fondamentalement, il s’intéressait beaucoup plus au christianisme » (p.261). Seule la prudence d’Hitler en la matière l’empêche de passer à l’action meurtrière.

Himmler vitupère l’action néfaste de Charlemagne et de saint Boniface qu’il rend responsables de la christianisation des Germains (p.266). Il espère remplacer le christianisme par un culte païen ancestral qui seul régénérera le monde allemand. Par exemple, il souhaite débaptiser Noël en fête du solstice d’hiver ou de Iule, et faire du solstice d’été une fête de l’accouplement… Dans la SS, le baptême des enfants est déjà remplacé par une simple bénédiction du nom (p.284).

La lecture de ce livre confirme la haine antichrétienne forcenée des nazis et leur volonté de mener une lutte radicale contre l’Eglise catholique dès que les circonstances le permettront. La confrontation de ces informations avec les rapports désormais connus de Mgr Pacelli, aussi bien en tant que nonce que secrétaire d’Etat, prouve la pertinence des analyses du futur pape, parfaitement au courant de cette haine antichrétienne.

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