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Un évêque contre le nazisme, aux mots d’une puissante actualité

Aujourd’hui encore les sermons de Mgr von Galen sont toujours d’actualité, par exemple sur l’euthanasie : «  Si l’on admet une première fois que des hommes ont le droit de tuer leurs semblables improductifs et si cela concerne maintenant tout d’abord seulement de pauvres malades mentaux sans défense, alors une entière autorisation est accordée pour le meurtre de tous les improductifs. » Après la recension du Père David Roure pour La Croix de ce nouveau livre sur celui qu’on surnommait le “Lion de Münster”, nous publions celle de Frédéric Le Moal, historien, en exclusivité pour notre blog !

On lira avec une très grande attention la biographie que Jérôme Fehrenbach consacre à la plus grande figure de l’épiscopat allemand de la période nazie et grand opposant à l’idéologie démoniaque du Troisième Reich, l’évêque de Münster Clemens August von Galen.

Issu d’une antique lignée aristocratique, von Galen en conserva toute sa vie la fierté, l’allure seigneuriale sans morgue et surtout le sens du devoir qui incombe à ceux qui ont beaucoup reçu. Le catholicisme ardent et ultramontain de ses parents le marqua en profondeur, autant que le souvenir des attaques anticatholiques du pouvoir bismarckien (le Kulturkampf). Il en hérita une profonde méfiance à l’encontre de l’Etat, qu’il fût monarchique ou républicain. Patriote sans être belliciste ou nationaliste et ni pacifiste d’ailleurs, il aimait son pays et son peuple qu’il protégea contre le communisme, le nazisme ou l’occupant américain en 1945. Géant par la taille mais aussi par le caractère, il n’était pourtant guère charismatique. Il n’empêche. Devenu évêque de Münster dans le cadre récent du concordat signé entre Berlin et le Vatican, il entra dans une guerre implacable contre le nazisme.

Il la livra uniquement sur le plan doctrinal, n’appelant jamais à la résistance ouverte, à la désobéissance ou au soulèvement. Ainsi prononça-t-il le serment d’obéissance au gouvernement exigé par le concordat mais en le subordonnant à son obéissance totale au siège de Pierre et au respect de sa conscience. Mais il parla. Ses sermons, à la fois simples, accessibles et profonds, servirent de détonateur pour beaucoup d’Allemands révulsés par l’idéologie nazie définie avec justesse par von Galen comme un néopaganisme déterminé à purger l’Allemagne de son christianisme. Ses mots furent lancés dans les églises de la très catholique Westphalie, reproduits dans des publications et repris dans sa correspondance avec les autorités du Reich. Von Galen semblait ne craindre personne, pas même Hitler auquel il écrivit directement.

A Rome, ni Pie XI ni Pacelli ne s’étaient trompés sur lui et ils l’associèrent à la rédaction de l’encyclique de condamnation du national-socialisme, Mit brennender Sorge. Pendant la guerre, il approuva la guerre contre l’URSS par rejet du communisme qu’il renvoyait dos à dos avec le nazisme. Comme deux faces d’une même médaille. Mais il ne cessa de prier pour la paix, sans jeter d’anathèmes sur l’ennemi, toujours désigné sous le terme d’adversaire.

Sans relâche, il dénonça les innombrables atteintes au concordat, la fermeture des monastères, des écoles religieuses, l’embrigadement des enfants arrachés à l’éducation de leurs parents, l’interdiction de l’enseignement de la religion. Son plus grand titre de gloire fut sa condamnation explicite du plan d’élimination des handicapés (le fameux programme T4 que les nazis appelaient… « La mort miséricordieuse » !). Il le fit dans des mots d’une puissante actualité : «  Si l’on admet une première fois que des hommes ont le droit de tuer leurs semblables improductifs et si cela concerne maintenant tout d’abord seulement de pauvres malades mentaux sans défense, alors une entière autorisation est accordée pour le meurtre de tous les improductifs. »  (lire ici l’intégralité de son sermon). L’évêque prévenait sans ambigüité que la liste des éliminés ne cesserait plus de s’élargir. « Alors plus personne parmi nous n’est assuré de la vie […] Qui peut dans ces conditions avoir encore confiance dans son médecin ? »

L’attaque était frontale. On écrit souvent qu’elle contraignit les nazis à suspendre leur œuvre de mort. Ce n’est qu’en partie exact. Jérôme Fehrenbach écrit qu’il « ne faut pas se méprendre, ni prêter une quelconque efficacité aux sermons du Lion de Münster ». La reculade de Hitler s’explique par la guerre en Russie qui demandait des soldats dociles, et d’ailleurs l’élimination reprit au bout de quelques mois. En vérité, ceux qui imaginent que la parole d’un évêque, fût-ce celle de l’évêque de Rome, aurait permis d’arrêter la machine de mort hitlérienne ne savent pas qui étaient les nazis. Au Vatican en revanche, on le savait.

La biographie se penche aussi sur la question de la persécution des juifs allemands. Le silence de von Galen lui est vivement reproché aujourd’hui – à lui aussi ! – par ceux qui se savent pas non plus ce qu’était le poids des responsabilités lors d’une guerre mondiale. Jérôme Fehrenbach apporte sur ce point des éléments très clairs. Eloigné de tout antisémitisme, l’évêque se tut d’une part sur la demande de la communauté juive allemande peu désireuse d’attirer l’attention sur elle et d’aggraver sa situation, et d’autre part parce qu’il jugeait l’action souterraine beaucoup plus efficace pour sauver ces malheureux persécutés. Comme le pensait et le fit Pie XII qui le créa cardinal en 1946. Comme le pensait et le fit l’épiscopat français.

Que retenir de cette action et de ce très utile ouvrage ? Von Galen, avec un courage inouï – sans aucun doute la défaite du nazisme le sauva – cria la vérité. La Vérité de l’Evangile. Celle qui rend libre. Prêt à subir le martyr, il parla certes mais de très nombreuses personnes proches de lui payèrent de leur liberté ou de leur vie l’engagement de l’évêque. On ne parle jamais innocemment dans un Etat totalitaire. Enfin, son exemple devrait inspirer bien des évêques de notre temps qui ne sont pas confrontés au nazisme mais à une identique idéologie de mort.

Frédéric LE MOAL

Pour aller plus loin : Jérôme Fehrenbach, Von Galen, un évêque contre Hitler, Cerf, février 2018 – sur Amazon

Euthanazie : “La voie est ouverte pour le meurtre de nous tous, quand nous devenons vieux et infirmes et donc improductifs”

von GalenDocument : le sermon de l’évêque et cardinal de Münster, Clemens August comte von Galen, le dimanche 3 août 1941 dans l’église de St Lambert, à Münster, dans lequel il s’élève contre l’euthanasie que les nazis veulent mettre en place pour les improductifs :

“Si on l’admet, une fois, que les hommes ont le droit de tuer leurs prochains “improductifs” – quoique cela soit actuellement appliqué seulement à des patients pauvres et sans défenses, atteints de maladies – alors la voie est ouverte au meurtre de tous les hommes et femmes improductifs: le malade incurable, les handicapés qui ne peuvent pas travailler, les invalides de l’industrie et de la guerre. La voie est ouverte, en effet, pour le meurtre de nous tous, quand nous devenons vieux et infirmes et donc improductifs. Alors on aura besoin seulement qu’un ordre secret soit donné pour que le procédé, qui a été expérimenté et éprouvé avec les malades mentaux, soit étendu à d’autres personnes “improductives”, qu’il soit également appliqué à ceux qui souffrent de tuberculose incurable, qui sont âgés et infirmes, aux personnes handicapées de l’industrie, aux soldats souffrant de graves blessures de guerre !”

 * * *

A mon regret je dois vous informer que pendant la semaine passée la Gestapo a continué sa campagne d’annihilation contre les ordres catholiques. Mercredi 30 juillet, ils ont occupé le centre administratif de la province des soeurs de Notre-Dame à Mühlhausen dans le district de Kempen, qui a autrefois appartenu au diocèse de Münster, et ils ont déclaré que le couvent devait être dissous. La plupart des soeurs, dont beaucoup viennent de notre diocèse, ont été expulsées et elles ont reçu l’ordre de quitter le district le même jour. Jeudi, selon des sources fiables, le monastère des frères missionnaires de Hiltrup à Hamm a été également occupé et confisqué par le Gestapo et les religieux ont été expulsés. Déjà le 13 juillet, à propos de l’expulsion des Jésuites et des soeurs missionnaires de Sainte Claire de Münster, j’ai publiquement déclaré dans cette même église: Aucun des occupants de ces couvents n’est accusé de quelqu’offense ou de crime, aucun n’a été amené devant un tribunal, aucun n’a été reconnu coupable. J’entends que des rumeurs sont maintenant répandues dans Münster qu’ après tout, ces religieux, en particulier les Jésuites, ont été accusés, ou même convaincus d’actes criminelles, et même de trahison. Je déclare ceci :

Ce sont de basses calomnies de citoyens allemands, nos frères et nos soeurs, que nous ne tolérerons pas. J’ai déjà déposé une plainte pénale auprès du procureur en chef contre un individu qui est allé si loin qu’il a fait de telles allégations devant des témoins. J’exprime l’espoir que l’homme sera amené rapidement à rendre compte et que nos Tribunaux auront toujours le courage de punir les calomniateurs qui cherchent à détruire l’honneur de citoyens allemands innocents dont la propriété a été déjà enlevée. J’invite tous mes auditeurs, oui, tous mes respectables concitoyens, qui à l’avenir entendront des accusations faites contre les religieux expulsé de Münster de donner le nom et l’adresse de la personne portant ces accusations et de tous les témoins. J’espère qu’il y a toujours des hommes à Münster qui ont le courage de faire leur devoir en demandant la mise en examen judiciaire contre de telles accusations qui empoisonnent la communauté nationale, en s’engageant par leur personne, leur nom et au besoin leur témoignage. Je leur demande, si de telles accusations contre les religieux sont faites en leur présence, de les rapporter immédiatement à leur curé ou au Vicaire général et de les faire enregistrer. Je demande pour l’honneur de nos ordres religieux, pour l’honneur de notre église catholique et également pour l’honneur de nos compatriotes allemands et de notre ville de Münster de rapporter de tels cas au service de poursuite de l’État de sorte que les faits puissent être établis par un tribunal et les calomnies contre nos religieux punies.

(Après la lecture de l’Evangile pour le 9ème dimanche après la Pentecôte : “et quand il fut proche (de Jérusalem) , à la vue de la ville, il pleura sur elle…”, Luc 19,41- 47):

Mes chers diocésains! C’est un événement profondément émouvant que nous lisons dans l’évangile d’aujourd’hui. Jésus pleure! Le fils de Dieu pleure! Un homme qui pleure souffre d’une peine – une peine du corps ou du coeur. Jésus n’a pas souffert dans son corps, mais il a pleuré. Combien grande a été la douleur de son âme, la souffrance du cœur du plus courageux des hommes pour qu’il pleure! Pourquoi a-t-il pleuré? Il a pleuré sur Jérusalem, sur la ville sainte de Dieu qui lui était si chère, la capitale de son Peuple. Il a pleuré sur ses habitants, ses concitoyens, parce qu’ils ont refusé de reconnaître la seule chose qui pourrait éviter le jugement qu’il connaissait par son omniscience et qui était déterminé à l’avance par le divin juge: “Si en ce jour tu avais reconnu, … le message de paix !” Pourquoi les habitants de Jérusalem ne le reconnaissent-ils pas? Peu de temps avant, Jésus l’avait apostrophée : “O Jérusalem, Jérusalem… combien de fois, combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et tu n’as pas voulu!” (Luc 13.34).

Tu n’as pas voulu ! Moi, ton roi, ton Dieu, je le voulais ! Mais tu n’as pas voulu ! Combien elle est en sécurité, comme elle est protégée la couvée des poussins sous l’aile de la poule: elle la réchauffe, elle la nourrit, elle la défend. De la même manière j’ai désiré vous protéger, pour vous garder, pour vous défendre contre tout mal. Je le voulais , mais vous ne le vouliez pas ! C’est pourquoi Jésus pleure; c’est pourquoi cet homme fort pleure; c’est pourquoi Dieu pleure… Sur la folie, l’injustice, le crime de ceux qui ne veulent pas… Et sur le mal auquel cela donne lieu – que son omniscience voit venir, que sa justice doit imposer – si l’homme pose son refus contre les ordres de Dieu, en opposition aux remontrances de la conscience, et à toutes les invitations affectueuses de l’ami divin, le meilleur des pères:

” Si tu avais donc reconnu , encore aujourd’hui, en ce jour ce qui sert à la paix ! Mais tu n’as pas voulu !” C’est quelque chose de terrible, quelque chose d’incroyablement faux et fatal, quand l’homme met sa volonté en opposition à la volonté de Dieu. Je voulais ! Mais tu n’as pas voulu ! C’est pourquoi Jésus pleure sur Jérusalem.

Chrétiens chèrement aimés! La lettre pastorale commune des évêques allemands, qui a été lue dans toutes les églises catholiques en Allemagne le 26 juin 1941, dit entre autres : ” Il est vrai que, dans l’éthique catholique, il y ait certains commandements positifs qui n’obligent plus si leur observance provoquait des difficultés excessivement grandes ; mais il y a également des engagements sacrés dont en conscience personne ne peut nous libérer, que nous devons accomplir même s’il nous en coûte notre vie. Jamais, en aucune circonstance, un homme ne peut , sauf en cas de guerre ou de légitime défense, mettre à mort une personne innocente.”

J’ai eu l’occasion, le 6 juillet, d’ajouter les commentaires suivants à ce passage de la lettre pastorale commune: “Depuis quelques mois nous entendons des rapports selon lesquels des personnes internées dans des établissements pour le soin des maladies mentales, qui ont été malades pendant une longue période et semblent peut-être incurables, ont été de force enlevées de ces établissements sur des ordres de Berlin. Régulièrement, les parents reçoivent, peu après un avis selon lequel le patient est mort, que son corps a été incinéré et qu’ils peuvent recevoir ses cendres.

Il y a un soupçon général, confinant à la certitude, selon lequel ces nombreux décès inattendus de malades mentaux ne se produisent pas naturellement, mais sont intentionnellement provoqués, en accord avec la doctrine selon laquelle il est légitime de détruire une soi-disant ” vie sans valeur” – en d’autres termes de tuer des hommes et des femmes innocents, si on pense que leurs vies sont sans valeur future au peuple et à l’état. Une doctrine terrible qui cherche à justifier le meurtre des personnes innocentes, qui légitimise le massacre violent des personnes handicapées qui ne sont plus capables de travailler, des estropiés, des incurables des personnes âgées et des infirmes!”

Comme j’en ai été bien informé, dans les hôpitaux et les hospices de la province de Westphalie sont préparés des listes de pensionnaires qui sont classés en tant que “membres improductifs de la communauté nationale” et doivent être enlevé de ces établissements et être ensuite tués rapidement. La première partie des patients est partie de l’hôpital de malades mentaux de Marienthal, près de Münster, au cours de cette semaine. Des hommes et des femmes allemands!

L’article 211 du code pénal allemand est toujours en vigueur, et dit en ces termes:   “Qui intentionnellement tue un homme, en ayant l’intention de donner la mort, sera puni de mort pour meurtre”.

Il n’y a aucun doute : afin de protéger ceux qui tuent intentionnellement ces pauvres hommes et femmes, membres de nos familles, de cette punition établie par la loi, les patients qui ont été choisis pour le massacre sont déplacés de leur environnement vers quelque endroit éloigné. Quelque maladie ou autre est alors donnée comme cause de la mort. Puisque le corps est immédiatement incinéré, les parents et la police criminelle ne peuvent pas établir si le patient en fait avait été malade ou ce qu’était réellement la cause de la mort. J’ai été assuré, cependant, qu’au ministère de l’intérieur et au Service de l’officier médical en chef du Reich, le Dr Conti, qu’aucun secret n’est fait du fait qu’en effet un grand nombre de personnes mentalement malades en Allemagne ont été déjà tuées intentionnellement et que ceci continuera.

L’article 139 du code pénal prévoit que “quiconque a la connaissance d’une intention de commettre un crime contre la vie de toute personne… et n’informe pas les autorités ou la personne dont la vie est menacée, en temps voulu… commet une faute punissable “.

Quand j’ai eu connaissance de l’intention d’enlever des patients de Marienthal, j’ai déposé le 28 juillet une plainte chez le procureur de Münster, au tribunal du Land à Münster, et à Monsieur le président de la Police par lettre recommandée ayant la teneur suivante :

“Selon l’information que j’ai reçue il est projeté au cours de cette semaine (la date a été mentionnée comme étant celle du 31 juillet) de déplacer un grand nombre de patients internés de l’hôpital provincial de Marienthal, classés comme ‘membres improductifs de la communauté nationale ‘, à l’hôpital psychiatrique d’Eichberg, où ils doivent être intentionnellement tué comme on croit généralement que cela s’est produit dans le cas de patients enlevés d’autres établissements.

Puisqu’une telle action est non seulement contraire à la loi morale divine et naturelle mais est qualifiée à l’article 211 du code pénal allemand comme meurtre et entraîne la peine de mort, je rapporte par la présente ce fait en accord avec mon obligation de l’article 139 du code pénal et demande que des mesures soient immédiatement être prises pour protéger les patients concernés par des démarches contre les autorités projetant leur déplacement et leur meurtre, et que je puisse être informé de la mesure prise “.

D’information au sujet de ma démarche, aucune ne m’est venue en retour que ce soit du procureur ou de la police. J’avais déjà écrit le 26 juillet aux autorités de la Province de Westphalie qui sont responsables du fonctionnement de l’hôpital psychiatrique et des patients confiés à eux pour veiller sur eux et pour les soigner, protestant dans les termes les plus forts. Cela n’a eu aucun effet. Le premier transport des victimes innocentes sous sentence de mort a quitté Marienthal. Et de l’hôpital de Warstein, ce sont, comme je l’ai entendu, 800 patients qui ont été déjà enlevés.

Nous devons nous attendre, donc, à ce que les pauvres patients sans défense soient, tôt ou tard, tué. Pourquoi? Non pas parce qu’ils ont commis quelque offense que ce soit justifiant leur mort; non pas parce que, par exemple, ils ont attaqué une infirmière ou un préposé à leur surveillance, qui seraient autorisés pour cause de légitime défense à répondre avec violence à la violence. En ce cas l’utilisation de la violence menant à la mort est permise et peut être invoquée, comme dans le cas où l’on tue un ennemi armé. Non : ces malheureux patients doivent mourir, non pas pour quelque raison semblable mais parce que par le jugement d’un certain organisme officiel, sur la décision d’un certain comité, ils sont devenus “indignes de vivre,” parce qu’ils sont classés en tant que “membres improductifs de la communauté nationale”. Le jugement est qu’ils ne peuvent plus produire aucun bien : Ils sont comme une vielle machine qui ne fonctionne plus, comme un vieux cheval qui est devenu boiteux de manière incurable, comme une vache qui ne donne plus de lait. Qu’arrive-t-il à une vielle machine ? Elle est mise à la ferraille. Qu’arrive à un cheval boiteux, à une vache improductive?

Non ! Je ne pousserai pas la comparaison jusqu’au bout – si affreuse est sa convenance et son pouvoir d’illumination.

Mais nous ne sommes pas concernés ici par de vielles machines, nous n’avons pas affaire à des chevaux et à des vaches, dont l’unique fonction est de servir l’humanité, de produire des biens pour l’humanité. Elles peuvent être détruites, ils peuvent être abattus quand ils ne remplissent plus cette fonction. Non: ici il s’agit d’hommes et des femmes, nos prochains, nos frères et soeurs! De pauvres êtres humains, des êtres humains malades. Ils sont improductifs, si vous voulez… Mais cela signifie-t-il qu’ils ont perdu le droit de vivre? As-tu, ai-je le droit de vivre seulement aussi longtemps que nous sommes productifs, aussi longtemps que nous sommes reconnus par d’autres comme productifs?

Si l’on pose et met en pratique le principe selon lequel les hommes sont autorisés à tuer leur prochain improductif, alors malheur à nous tous, car nous deviendrons vieux et séniles ! S’il est légitime de tuer les membres improductifs de la communauté, alors malheur aux invalides qui ont sacrifié et perdu dans le processus de production leur santé ou leurs membres !

Si l’on peut se débarrasser des hommes et des femmes improductifs par des moyens violents, alors malheur à nos courageux soldats qui reviennent au pays gravement atteints par des blessures de guerre, estropiés et invalides !

Si on l’admet, une fois, que les hommes ont le droit de tuer leurs prochains “improductifs” – quoique cela soit actuellement appliqué seulement à des patients pauvres et sans défenses, atteints de maladies – alors la voie est ouverte au meurtre de tous les hommes et femmes improductifs: le malade incurable, les handicapés qui ne peuvent pas travailler, les invalides de l’industrie et de la guerre. La voie est ouverte, en effet, pour le meurtre de nous tous, quand nous devenons vieux et infirmes et donc improductifs. Alors on aura besoin seulement qu’un ordre secret soit donné pour que le procédé, qui a été expérimenté et éprouvé avec les malades mentaux, soit étendu à d’autres personnes “improductives”, qu’il soit également appliqué à ceux qui souffrent de tuberculose incurable, qui sont âgés et infirmes, aux personnes handicapées de l’industrie, aux soldats souffrant de graves blessures de guerre !

Alors aucun homme ne sera en sûreté : n’importe quelle commission pourra le mettre sur la liste des personnes “improductives”, qui dans leur jugement sont devenues “indignes de vivre”. Et il n’y aura aucune police pour le protéger lui, aucun tribunal pour venger son meurtre et pour amener ses meurtriers à la justice. Qui pourra alors avoir une quelconque confiance dans un médecin? Il pourrait signaler un patient comme improductif et pourraient être alors données des instructions pour le tuer!

On ne peut s’imaginer, la dépravation morale, la méfiance universelle qui s’étendra au coeur même de la famille, si cette doctrine terrible est tolérée, admise et mise en pratique. Malheur aux hommes, malheur au peuple allemand quand le saint commandement de Dieu : “Tu ne tueras pas ! “, que le seigneur a donné au Sinaï dans le tonnerre et les éclairs, que Dieu notre créateur a écrit dans la conscience de l’homme au commencement, si ce commandement n’est pas simplement violé mais sa violation est tolérée et exercée impunément !

Je vous donnerai un exemple de ce qui se produit. Un des patients de Marienthal était un homme de 55 ans, un fermier d’une paroisse de campagne dans la région de Münster – je pourrais vous donner son nom – . Il a souffert pendant quelques années de perturbation mentale et a été donc admis à l’hôpital de Marienthal. Il n’était pas mentalement malade dans le plein sens du terme: il pouvait recevoir des visites et était toujours heureux, quand sa parenté venait le voir. Il y a seulement une quinzaine, lui rendirent visite son épouse et un de ses fils, un soldat qui se trouvait stationné au front et avait un congé à la maison. Le fils est très attaché à son père malade, aussi la séparation fut difficile… Qui sait si le soldat reviendra, s’il reverra son père, car il peut tomber au combat pour son pays.

Le fils, le soldat, ne reverra sans doute sûrement pas son père sur la terre car il a été depuis mis sur la liste des “improductifs”.

Un parent, qui a voulu rendre visite au père cette semaine à Marienthal, s’en est retourné avec l’information que le patient avait été transféré ailleurs sur les instructions du Conseil des ministres pour la défense nationale. Aucune information ne pourrait être fournie sur le lieu où il avait été envoyé, mais les parents seraient mis au courant d’ici quelques jours. Quelle sera cette information? La même que dans d’autres cas semblables? Que l’homme est mort, que son corps a été incinéré, que les cendres seront remises contre paiement d’honoraires? Car le soldat, risquant sa vie au champ d’honneur pour ses compatriotes, ne reverra pas son père sur terre, parce que des compatriotes à la maison l’ont tué. Les faits que j’ai énoncés sont bien établis. Je puis donner les noms du patient, de son épouse et de son fils le soldat, et de l’endroit où ils vivent. ” Tu ne tueras pas !” Dieu a écrit ce commandement dans la conscience de l’homme longtemps avant que n’importe quel code pénal ait établi de pénalité pour le meurtre, longtemps avant qu’il n’y ait n’importe quel procureur ou n’importe quelle cour pour instruire et punir un meurtre. Caïn, qui a tué son frère Abel, était un meurtrier longtemps avant qu’il n’y ait eu d’États ou de tribunaux. Et il avouait sa faute, pressé par sa conscience qui l’accusait : ” Mon méfait est trop grand pour que je puisse trouver le pardon … le premier venu qui me trouvera me tuera” (Genèse 4.13-14). ”

” Tu ne tueras pas !” Ce commandement de Dieu, qui seul a le pouvoir de décider de la vie ou de la mort, a été écrit dans le coeur des hommes au commencement, longtemps avant que Dieu ait donné aux enfants de l’Israël sur la montagne du Sinaï sa loi fondamentale dans ces phrases lapidaires inscrites sur la pierre, qui sont écrites pour nous dans l’Écriture Sainte et que comme enfants nous avons apprises par coeur au catéchisme.

” Je suis le Seigneur ton Dieu ! ” Ainsi commence cette loi immuable. ” Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi ! ” Dieu – le seul Dieu, transcendant, tout-puissant, omniscient, infiniment saint et juste, notre créateur et juge à venir – nous a donné ces commandements. En raison de son amour pour nous il a écrit ces commandements dans notre coeur et les a proclamés. Car ils correspondent au besoin de notre nature créée par le Dieu; ce sont les normes indispensables de tout vie raisonnable, pieuse, salutaire et sainte individuelle et communautaire.

Avec ces commandements, Dieu notre père, veut nous rassembler, nous ses enfants, comme la poule rassemble ses poussins. Si nous suivons ces commandements, ces invitations, cet appel de Dieu, nous serons gardés et protégés et préservés du mal, défendus contre la mort et la destruction menaçantes comme les poussins sous les ailes de la poule.

“O Jérusalem, Jérusalem… combien de fois, combien de foi j’ai voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et tu n’as pas voulu!” Est-ce que cela va de nouveau arriver à notre pays, à l’Allemagne, à notre province de Westphalie, à notre ville de Münster? Qu’en est-il de l’obéissance aux commandements divins, en Allemagne, ici chez nous ?

Le huitième commandement: “Tu ne donneras pas de faux témoignage, tu ne mentiras pas ! ”

Combien de fois il est violé sans scrupule et publiquement!

Le septième commandement: ” Tu ne voleras pas !”

La propriété de qui est-elle encore sûre après l’expropriation arbitraire et sans égards de celle de nos frères et de sœurs qui font partie d’ordres religieux catholiques ? La propriété de qui est-elle protégée si cette propriété saisie illégalement n’est pas restituée ?

Le sixième commandement: “Tu ne commettras pas d’adultère.”

Pensez aux instructions et aux assurances de rapports sexuels libres et de maternité sans mariage, dans la lettre ouverte notoire de Rudolf Hess, qui a disparu depuis. Cette lettre a été éditée dans tous les journaux. Et combien de conduites dévergondées et déshonorantes de cette sorte avons-nous lu et observé… Nous en avons constaté l’existence dans notre ville de Münster! A quel manque de pudeur dans l’habillement nos jeunes ont-t-il été forcés de s’accoutumer. C’est la préparation pour le futur adultère! La modestie, le rempart de la chasteté, est sur le point d’être détruit.

Et maintenant le cinquième commandement: ” Tu ne tueras pas !”, est mis de côté et est violé sous les yeux des autorités dont la fonction devrait être de protéger la règle de la loi et la vie humaine, quand les hommes prévoient de tuer des innocents intentionnellement, simplement parce qu’ils sont “improductifs”, parce qu’ils ne peuvent plus produire aucune marchandise.

Et qu’en est-il aussi de l’observance du quatrième commandement, qui nous enjoint d’honorer nos parents et ceux qui ont autorité sur nous et de leur obéir? Le statut de l’autorité des parents est déjà bien ébranlé et est de plus en plus mis à mal par tous les engagements imposés aux enfants contre la volonté de leurs parents. Qui donc peut croire que le respect sincère et l’obéissance consciencieuse aux autorités de l’État peut être maintenu quand les hommes continuent à violer les commandements de l’autorité suprême, les commandements de Dieu, quand ils combattent même et cherchent à rejeter la foi au seul véritable Dieu transcendant, Seigneur de ciel et de terre?

L’observance des trois premiers commandements a en réalité pendant de nombreuses années été en grande partie suspendue dans la vie publique en Allemagne et à Münster. Par combien de personnes le dimanche et les jours de fêtes sont-ils profanés et soustraits au service de Dieu! Combien le nom de Dieu est profané, déshonoré et blasphémé!

Et le premier commandement: ” Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi ! ” Au lieu du seul et véritable Dieu éternel, les hommes installent leurs propres idoles qu’ils servent et adorent: la nature, ou l’état, ou le peuple, ou la race. Et combien sont ceux dont le Dieu, selon le mot de Paul, “est leur ventre” (Philippiens 3.19) – leur propre bien-être – auquel ils sacrifient tout, leur honneur même et leur conscience – les plaisirs des sens, la convoitise de l’argent, la convoitise de la puissance! Ensuite on veut aussi essayer de s’arroger à soi-même les attributs divins, pour se faire des seigneurs au-dessus de la vie et de la mort de leurs prochains. Quand Jésus est venu près à Jérusalem et vit la ville il pleura sur elle disant : “Ah! si en ce jour tu avais compris, toi aussi, le message de paix! Mais non, il est demeuré caché à tes yeux. Oui, des jours viendront sur toi, où tes ennemis t’environneront de retranchements, t’investiront, te presseront de toute part. Ils t’écraseront sur le sol, toi et tes enfants au milieu de toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas reconnu le temps où tu fus visitée!”

Regardant avec ses yeux de chair, Jésus a vu seulement les murs et les tours de la ville de Jérusalem, mais l’omniscience divine a vu plus profondément et connaît ce qui se passe dans le ville et ce qu’il en est de ses habitants : “O Jérusalem, Jérusalem… combien de fois, combien de foi j’ai voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et tu n’as pas voulu!” C’est la grande douleur qui oppresse le coeur de Jésus, qui fait monter des larmes à ses yeux. J’ai voulu ton bien mais tu ne veux pas !

Jésus a vu combien coupable, terrible, criminel, désastreux est ce refus. Ce petit homme, cette créature frêle, oppose sa volonté créée à la volonté de Dieu! Jérusalem et ses habitants, son Peuple choisi et favorisé oppose sa volonté à celle de Dieu ! De manière folle et criminelle, ils défient la volonté de Dieu! C’est pourquoi Jésus pleure sur le péché horrible et la punition inévitable. On ne se moque pas de Dieu!

Chrétiens de Münster! Est-ce que le fils de Dieu dans son omniscience, en ce jour, a vu seulement Jérusalem et ses habitants? A-t-il pleuré seulement sur Jérusalem? Est-ce que le peuple d’Israël est le seul peuple que Dieu a entouré, qu’il a protégé avec le soin d’un père et l’amour d’une mère, qu’il a aimé ? Est-ce le seul peuple qui ne voulait pas? Le seul qui a abandonné la vérité de Dieu, qui a rejeté la loi de Dieu et ainsi s’est condamné à la ruine? Jésus, Dieu omniscient, a-t-il également vu en ce jour notre peuple allemand, notre pays de Westphalie, notre région de Münster, la Rhénanie inférieure? A-t-il également pleuré sur nous? Pleuré sur Münster ? Pendant mille ans, il a instruit, il nous a instruit nous et nos ancêtres dans sa vérité, il nous a guidés par sa loi, nourris, nous, de sa grâce, rassemblés comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes. Le fils omniscient de Dieu a-t-il vu en ce jour, qu’en notre temps, il doit également prononcer ce jugement sur nous: “Tu n’as pas voulu ! Voici que votre maison va vous être laissée !” Comme ce serait terrible !

Chers fidèles du Christ ! J’espère qu’il est toujours temps… Mais alors il est grand temps ! Reconnaissons encore aujourd’hui ce temps qui nous apporte la paix, qui seul peut nous sauver du tribunal de Dieu : Acceptons sans retour en arrière et sans réserve, nous, la vérité évidente de Dieu et reconnaissons-le par notre vie. Faisons des commandements divins une ligne directrice de notre vie et prenons au sérieux l’expression : plutôt la mort que le péché !

Dans la prière et le pénitence sincère prions pour que la rémission et la pitié de Dieu puissent descendre sur nous, sur notre ville, notre pays et notre chère peuple allemand. Mais avec ceux qui continuent à provoquer le jugement de Dieu, qui blasphèment notre foi, qui dédaignent les commandements de Dieu, qui font cause commune avec ceux qui aliènent nos jeunes au christianisme, qui volent et bannissent nos religieux, qui provoquent la mort d’hommes et de femmes innocents, nos frères et sœurs, avec tous ceux-là nous éviterons n’importe quel rapport confidentiel, nous nous maintiendrons, nous et nos familles hors de portée de leur influence, de peur que nous soyons infectés de leurs manières athées de penser et d’agir, de peur que nous devenions des complices de leurs fautes et soyons ainsi exposé au jugement que le Dieu juste doit rendre et infliger à tous ceux qui, comme la ville ingrate de Jérusalem, ne veulent pas ce que Dieu veut. O Dieu fais nous reconnaître à tous aujourd’hui avant qu’il soit trop tard ce qui nous apporte la paix ! O très sacré coeur de Jésus, affligé de larmes à cause de l’aveuglement et des iniquités des hommes, aide-nous par ta grâce que nous aspirions toujours à ce qui te plaît et renoncions à ce qui te déplaît, pour que nous demeurions dans ton amour et que nous trouvions la paix de nos âmes ! Amen.

Pour aller plus loin : Un évêque contre le nazisme, aux mots d’une puissante actualité (recension)

Le lion de Münster : un évêque allemand contre le nazisme

Mgr von Galen s’est distingué en menant l’opposition catholique aux euthanasies commises par le régime hitlérien et en dénonçant la persécution de l’Église. Extrait de la recension de David Roure pour La Croix, en attendant celle d’un de nos historiens.

Von Galen. Un évêque contre Hitler,
de Jérôme Fehrenbach,
Cerf, 2018

Surnommé le « lion de Münster », Clemens August von Galen (1878-1946) est devenu une des grandes figures de l’Eglise catholique en Allemagne à cause de sa résistance à Hitler. Il est né dans une famille nombreuse et très croyante et l’auteur de cette belle biographie se plaît à nous narrer tous les liens familiaux qui l’attachaient à de nombreuses familles germaniques aristocratiques et même princières, et parfois ce n’est pas toujours évident à suivre (quelques petits tableaux généalogiques en fin d’ouvrage auraient pu être bien utiles !) En revanche, J.Fehrenbach passe assez vite sur le quart de siècle (1904-1929) où, pourtant incardiné dans le diocèse de Münster, le jeune prêtre a servi diverses paroisses à Berlin, qui était alors à la fois « un poste d’observation de la vie parlementaire » mais aussi une « capitale en crise perpétuelle » !

Homélies virulentes contre le régime

Revenu dans son diocèse d’origine, il y sera nommé par Pie XI archevêque en 1933, juste après qu’Hitler soit devenu chancelier. Alors, « l’itinéraire de Clemens August au cours des années 1933-1942 est celui d’une ascension régulière, par degrés, vers une contestation de plus en plus ouverte du gouvernement ». C’est sur cette période-là de sa vie que, de manière assez logique,  notre biographe est le plus disert. En 1937, avec quatre autres évêques allemandes, Clau (surnom donné dans sa famille au prélat) aide le pape à rédiger la fameuse encyclique Mit Brennender Sorge, qui, par un véritable « tour de force de communication », parviendra à être lue dans toutes les paroisses catholiques d’Allemagne le dimanche des Rameaux !

C’est quatre ans plus tard que Von Galen accomplira une œuvre plus personnelle qui le fera connaître dans tout le pays : durant l’été 1941, il prononce en effet dans différentes églises de Münster trois homélies (dont le texte est fourni à la fin du présent ouvrage), longues et très virulentes contre le régime nazi, en particulier contre l’euthanasie des personnes handicapées et contre les mesures discriminatoires envers les chrétiens que mettait en place ce régime à l’idéologie néopaïenne. « Les sermons ne se répandent pas seulement par les villes et les campagnes, dans la société encore civilisée, dans le milieu des opposants actifs ou des dissidents latents, parmi les sympathisants du milieu catholique. Ils prennent aussi, parfois, la direction du front. »

« Grand regret »

Fehrenbach répond, à juste titre, aux deux questions que ne peut manquer de se poser le lecteur d’aujourd’hui, trois-quarts de siècle après les faits : tout d’abord, si Von Galen ne parle jamais ouvertement des persécutions contre les Juifs c’est qu’il croyait, comme d’autres responsables d’Église de l’époque, qu’il était plus efficace d’essayer d’en sauver quelques-uns concrètement et discrètement et que, au contraire, une critique publique aurait entraîner un acharnement encore plus meurtrier de la part des nazis ; pourtant, une fois la guerre finie, il confiera à son vicaire général son « grand regret » de ne pas avoir osé une « prise de position publique envers les Juifs après la nuit de Cristal » !

Ensuite, si Von Galen n’a plus élevé de protestation forte à partir de 1942, ce n’est bien sûr pas du tout parce qu’il se serait rallié à Hitler, mais parce qu’il pensait que cela n’aurait plus été d’aucune utilité face à un régime qui commençait à se déliter. Si les nazis n’ont pas osé l’éliminer lui-même car il était devenu très connu, il n’empêche qu’il a connu de grandes souffrances dans les dernières années de la guerre : en représailles, camp de concentration pour une quarantaine de prêtres de Münster, diocésains ou religieux (une dizaine ne reviendront pas !) mais aussi mort au front de proches parents (dont au moins cinq neveux !) et bombardement de sa cathédrale et de son évêché en octobre 1943 où lui-même sauve sa vie de justesse.

Usé par les épreuves

Une fois la guerre terminée, Pie XII, qui l’avait toujours soutenu, lui donne le chapeau de cardinal dès février 1946. Malheureusement, sans doute usé par toutes les années d’épreuve qui avaient précédé, le cardinal von Galen meurt le mois suivant, juste après son retour triomphal dans sa ville ! Quelques décennies plus tard, le 4 octobre 2005, il sera béatifié à St-Pierre de Rome (et ce fut la dernière béatification célébrée en ce lieu !) par un autre Allemand, le pape Benoît XVI !

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Vatican : un proche de Pie XII enterré dans la nécropole papale

Il n’y a pas que des papes dans la crypte-nécropole du Vatican, comme le rapport l’agence romaine I-média pour l’hebdomadaire catholique Famille Chrétienne.

Outre l’extravagante Christine de Suède (1626-1686) « reine des Goths, des Suédois et des Vandales » selon l’épitaphe en latin, se trouve le tombeau de l’empereur Otton II (955-983), dit « le sanguinaire », spécialement connu pour avoir d’avoir convié les seigneurs romains qui voulaient rétablir la République à un grand festin afin de mieux pouvoir les assassiner…  Certains personnages sulfureux, comme Alexandre VI Borgia (1492-1503), ne sont même plus présents dans la crypte… Précisons d’ailleurs que les dépouilles des papes béatifiés et canonisés sont habituellement exposées à l’étage supérieur, directement dans la basilique.

I-média nous parle également d’un prêtre enterré dans la crypte, bien connu de Pie XII : Ludwig KaasLudwing Kass

« Au fond de la crypte, devant le tombeau de l’empereur Otton II, se trouve à même le sol une plaque de granite rouge où repose un simple prêtre diocésain : Ludwig Kaas (1881-1952), patriote rhénan passionné de politique.

Élu député à partir de 1919, il conseille en 1920 le nonce apostolique en Allemagne Eugenio Pacelli, futur Pie XII (1939-1958). Dirigeant un parti centriste de 1928 à 1933, il vote les pleins pouvoirs à Adolf Hitler (*). Il négocie avec ce dernier le concordat entre le Vatican et le Reich.

Accusé de conflit d’intérêts par sa famille politique, le prélat allemand se voit obligé de démissionner et de rejoindre la Curie romaine. Pie XII le nomme en 1939 responsable des fouilles sous la basilique Saint-Pierre. Il redécouvre la tombe de Pierre pendant la Seconde Guerre mondiale. La sépulture de Mgr Ludwig Kaas sera déplacée dans la crypte à la demande du pape ».

(*) Comme le raconte Wikipédia, le vote des pleins pouvoir à Adolf Hitler se fit après avoir tenté de rétablir un travail parlementaire en coopération avec les nationaux-socialistes. Pour certains, le pape Pie XII et le cardinal Pacelli (futur Pie XII) soutinrent cette politique dans une lettre qui montrait Hitler comme un rempart contre le communisme, mais, toujours selon Wikipédia, « cela n’est cependant pas corroboré par d’autres sources et tant que les termes exacts ou les qualifications dans cette lettre ne seront pas connus, les interprétations resteront spéculatives ». Avec cette précision : « le pape commençait à se méfier de ce parti qui supprimait les libertés de l’Église en interdisant les associations de jeunesse catholique ».

« Quand Adolf Hitler devint chancelier le 30 janvier 1933, grâce à une coalition entre le NSDAP, le DNVP et des conservateurs indépendants qui excluait le Parti du Centre, Kaas se sentit trahi. »

Par la suite, Kaas s’opposa vigoureusement au nouveau gouvernement…

Pour en savoir plus : la page qui lui est dédiée sur Wikipédia

Le Vatican n’a pas aidé les criminels nazis à fuir

L’Osservatore Romano rapporte la thèse de Pier Luigi Guiducci, professeur d’histoire de l’Église au centre diocésain de théologie pour laïcs Ecclesia Mater de l’université du Latran (Zenit du 10 août). Un éclairage utile (on se souvient d’une scène du film Amen de Costa-Gavras qui appuyait cette thèse, cf photo).

Dans le film Amen

« L’Église et le Vatican n’ont en aucune façon aidé la fuite des criminels nazis », affirme Pier Luigi Guiducci, professeur d’histoire de l’Église au centre diocésain de théologie pour laïcs Ecclesia Mater de l’université du Latran. Des propos rapportés par L’Osservatore Romano du 26 mai 2015.

Auteur de l’ouvrage « Au-delà de la légende noire » (Oltre la leggenda nera, Milan, Mursia), il travaille depuis dix ans « dans les archives allemandes, croates, italiennes, argentines et américaines, pour démentir des affirmations qui se révéleront infondées ou inventées et ne résisteront pas à l’analyse historique ».

Pour l’historien, « l’Église et le Vatican n’ont en aucune façon aidé la fuite des criminels nazis. Si ceux-ci ont réussi à s’infiltrer parmi les réfugiés avec de faux papiers ou à utiliser des filières diplomatiques pour atteindre l’Amérique du Sud ou d’autres nations où ils pouvaient compter sur de bonnes couvertures, il n’y a aucune trace de connivences d’ecclésiastiques ou d’organisations catholiques, qui ne s’occupaient que d’activités humanitaires ».

Dans la préface du livre, le père jésuite Peter Gumpel, rapporteur de la cause de béatification du pape Pie XII, souligne que Pier Luigi Guiducci « est en mesure de prouver que les thèses de divers auteurs n’expriment, la plupart du temps, que des opinions, des suppositions, des convictions personnelles non confirmées par des documents historiques, qui font l’impasse sur des données divulguées après l’ouverture d’archives civiles ».

Source : Zenit

Un exemple de résistance spirituelle dans un camp de la mort

Victor Tiollier, séminariste

Alors que nous avons célébré en juin dernier le 70e anniversaire de la Libération de la France, nous pouvons faire mémoire de ceux qui, dans les camps de déportés, ont témoigné de leur foi, après avoir pris le risque d’entrer en Résistance. Le Journal tenu pendant huit mois par un jeune séminariste, Victor Tiollier sur de petits carnets entre le camp de Compiègne, où il fut interné après son arrestation à Lyon en 1944 et sa mort au camp de Neckarelz, en février 1945, est un de rares documents de ce genre qui nous soit parvenu. Il peut être consulté dans son intégralité sur un site qui vient de lui être dédié. Un témoignage qui intéressa aussi tous ceux qui se penchent sur la question Pie XII et plus généralement sur l’action des chrétiens pendant la Seconde guerre mondiale.

Né en janvier 1921, Victor Tiollier était né à Cruet, près de Montmélian (Savoie), où son père Albert, exploitait la vigne, dans le domaine de L’Idylle. Deux des frères de celui-ci étaient tombés pendant la Grande Guerre. La mère de Victor, Marie, était originaire de Pont-de-Beauvoisin (Savoie), où la famille était implantée depuis le XVIIIe siècle. Albert et Marie ont eu 6 enfants. Victor fait ses études au collège de La Villette à Chambéry (Savoie), qui fut à l’origine un petit séminaire, transféré près du chef-lieu de la Savoie en 1905, après les lois de séparation de l’Église et de l’État.

Victor Tiollier, séminariste

Il est imprégné dans sa jeunesse des valeurs du scoutisme. Après le baccalauréat, et les Chantiers de Jeunesse, il entre au séminaire de Chambéry. En 1943, sur le conseil de ses supérieurs, il se donne un temps de réflexion. Il entreprend alors des études de droit à Lyon. Il loge chez sa tante, Madame Jeanne Larchier, à Villeurbanne. Celle-ci héberge aussi deux autres étudiants, qui se trouvent être des agents du Réseau Gallia, un important réseau de Résistance : Paul Gentil et le cousin germain de celui-ci, Pierre Pittion-Rossillon. Ce dernier avait conseillé aux autres membres du réseau de se disperser en cas d’arrestation, car il n’était pas sûr de ne pas parler sous la torture. C’est pourquoi les deux jeunes résistants se cachent après avoir échappé à une perquisition de la Gestapo, en avril 1944.

Victor écrit alors à son père qu’il lui revient de reprendre le flambeau du « réseau » : « À un moment où tout était désorganisé et à refaire, j’ai cru et je crois encore qu’il était de mon devoir de ‘faire la relève’. On ne peut rester indifférent en face de certains actes, en face de certains procédés, en face de certaines gens. Trop de Français parlent, parlent… et ne font rien. J’ai été trop longtemps de ceux-là. »

Victor n’a pas le temps de beaucoup agir. Il est arrêté à Lyon le 19 mai 1944, alors qu’il relève une boîte aux lettres clandestine, rue Sainte-Catherine. Interrogé le lendemain, au 13 rue de la Fouaillerie, en pleine nuit, puis dans une cave d’une maison de la Gestapo, avenue Berthelot (ancienne École de Santé Militaire), il subit le supplice de la baignoire, mais ne parle pas. Menotté, il est emprisonné à Montluc (qui avait été la prison de Jean Moulin), où il restera quatre semaines.

Le 19 juin un train l’emmène, avec d’autres résistants, au camp de Compiègne-Royallieu (Oise.) Il est ensuite transféré à Dachau où il arrive le 5 juillet 1944. De ce convoi éprouvant, qui sera connu comme « le train de la mort », il réussit à lancer, alors qu’il est encore en France, un mot pour ses parents , qui le recevront. De Dachau il est bientôt transféré à Neckarelz, camp annexe du KL Natzweiler, dans la vallée du Neckar.

Depuis le 28 juin, alors qu’il était encore à Compiègne, il a noté dans un petit carnet son parcours et ses impressions au jour le jour. Il continue à Neckarelz.

Victor Tiollier, séminariste

Jour après jour, en dépit d’un travail exténuant, il s’astreint à une discipline morale et spirituelle de tous les instants dont il consigne les difficultés dans ce journal, qu’il cache soigneusement dans un de ses sabots.

Les notes s’interrompent à la date du 19 janvier 1945 : trop faible pour écrire, Victor Tiollier meurt cinq semaines plus tard du typhus. Il avait confié son journal à un camarade.

Georges Villiers, ancien maire de Lyon, et futur président du C.N.P.F. (le Patronat français), qui avait été transféré de Compiègne par le même convoi que lui, et trois autres camarades se portent volontaires pour enterrer Victor dans le cimetière de Binau avec deux autres déportés. Ils prennent soin d’entourer sa cheville d’un ruban à son nom, afin que son corps puisse être reconnu plus tard.

Son cercueil est rapatrié après la guerre dans le caveau familial du cimetière de Cruet, où il repose auprès de sa mère, décédée en décembre 1944.

Le journal de Victor Tiollier, ramené par son camarade de déportation, s’est retrouvé entre les mains de Georges Villiers, qui l’a remis à son père en 1945.

Les deux carnets qui contiennent le journal de Victor Tiollier sont visibles dans une vitrine du Musée de la Résistance et de la Déportation de Lyon. Ils sont présentés comme un émouvant acte de résistance spirituelle dans un camp de la mort, à côté d’un chapelet et d’un petit crucifix confectionnés de façon artisnale dans d’autres camps.

En 1954, Albert Tiollier, recevra la Légion d’honneur à Chambéry, au nom de son fils Victor. Une plaque au nom de Victor Tiollier a été apposée après la Guerre au grand séminaire de Chambéry. L’archevêque de cette ville, Mgr Laurent Ulrich, en a inauguré une autre le 25 février 1945, jour anniversaire de son décès à Neckarelz. Il s’est ensuite rendu sur sa tombe, au cimetière de Cruet.

Victor rejoignait d’autres chrétiens, eux aussi disparus dans des camps, tel Pierre de Porcaro, prêtre de Saint-Germain-en-Laye, mort lui aussi du typhus, à Dachau, le 12 mars 1945 (868 prêtres, de plusieurs nationalités, sont décédés rien qu’à Dachau).

Une entrée au séminaire. Puis une sortie. Y serait-il revenu ? Nul ne le sait. Dans la vie d’un homme, des portes s’ouvrent ou se ferment, et, comme l’a dit Malraux, la mort finit par faire de tout cela cela un destin.

Victor ignorait qu’après son entrée en résistance, après l’épreuve atroce de la prison, de la torture et de la déportation, il avait rendez-vous avec Quelqu’un.

 

EXTRAITS DU JOURNAL DE VICTOR TIOLLIER

COMPIÈGNE-DACHAU

Séjour à Compiègne : 19 Juin – 1er Juillet
Chambre 4. Installation avec Giuseppe, sous-chef de chambre, comme second de Mr Villiers. Ravitaillement assez dur : 1 soupe et 1/3 de boule (ou 1/4 avec beurre ou fromage) 2 soupes le jeudi et le dimanche.
Camp C à cause de cas de diphtérie
Vain espoir de manquer le prochain départ
Organisation de la chambre. Bonne équipe, sympathique malgré les disputes fréquentes.
Conférence du Général Camille.
Equipe de Savoyards.
Messe quotidienne de l’abbé Gontandin. Dernière messe de Juillet avant le voyage tragique
[…]

2-5 Juillet. Voyage : Compiègne – Dachau
Départ du camp à 5h du matin, sous la pluie avec une boule et du saucisson, encadrés comme des bandits. Long stationnement : essai de groupement en vue de fuite.
100 dans un grand wagon à bestiaux (60) avec deux fenêtres ouvertes à moitié Chaleur torride dès le début.
Tous debout : impossibilité de tous s’asseoir… Tonneau d’eau, 2 tinettes
En route vers Soissons : essai de tous s’asseoir : compression intolérable. Chalons sur Marne vers midi. La chaleur devient étouffante. Vers 3h avant d’arrivée à Reims : situation tragique, on tombe dans les pommes, assaut de la fenêtre, on implore de l’eau et de l’air. A l’arrêt : eau. On ouvre les deux autres fenêtres.
Dans le reste du train la situation est tragique. Refus des S.S. d’ouvrir les wagons : les gens deviennent fous et se battent entre eux, s’écrasent, s’étouffent. Dans notre wagon situation très dure jusque vers 10h du soir. Dans les autres wagons innombrables : 36, 45, 75 ,97 (bataille à coups de couteaux et bouteilles)
Vers 4h du matin, essai d’évasion : trous dans les wagons, cris et bruits : le train stoppe, les Allemands arrivent : menacent, A demain.
Réveil tragique dans les wagons de morts, Vitry, Metz-Sarrebourg.
Vers le Rhin, Haguenau – Carlsbad (Marseillaise en quittant la France). Jolie vallée puis forêt Noire, Karlsruhe.
Nouveau wagon : espoir de fuite par grilles du bas mais déconseillé parce qu’en Allemagne. Pauvreté de la Souabe.
Passage dans une gare de marchandises de Munich
Arrivée à Dachau, inquiétude. En réalité, le camp n’est plus terrible (10 à 20.000 h.)

[…]

Mercredi 5 Juillet

Arrivée à Dachau vers 3h : débarquement. En procession interminable vers le camp : froideur de la population. Cité S.S., à droite. Rassemblement sur la place du camp (1.600.) Appel nominatif (classé I sans importance Groupe Thierry, Villiers et moi. Déshabillage total dans le pré. J’abandonne mon beau costume.
Douche, tonsure et coups de pinceau ! Habillement : 1 caleçon 1 chemise et 1 veste (K.L.)

[…]

NECKARELZ
Samedi – Dimanche 30 – Incendie à la mine de l’huile : tête de nègre.
Meilleur sommeil. Volonté très nette d’aboutir, de briser la volonté, l’intelligence, par tous les moyens.
Pas de vie, de laisser-aller, de cafard mais un acte de- volonté personnel par jour.
Être le levain chrétien dans la pâte par la prière et la charité. Réagir, vouloir.

[…]

Vendredi 25 Août 1944 : Je porte sur moi la Ste Réserve toute la nuit et le lendemain sous mon oreiller (1ers chrétiens, Tarcissius) Le soir, confession, communion. Bonne nuit à la pompe (pas d’eau 6 français et le petit russe)
Pour la 1ère fois Mr Villiers est resté au camp pour faire les pluches. Ferventes prières à St-Louis pour la France qui est en train d’être libérée et nous sommes là. Toujours grosse chaleur : dans le pays, moisson et regain.

Le Vatican contre Hitler

Pie XII

Le Figaro Magazine écrit ici :

Il y a huit ans, Jean Sévillia, rédacteur en chef adjoint au « Figaro Magazine », publiait un essai appelé à devenir un best-seller : « Historiquement correct. Pour en finir avec le passé unique » (100 000 exemplaires vendus). Une dénonciation en bonne et due forme du « terrorisme intellectuel » et du prêt-à-penser sur les Croisades, les guerres de Religion, la Révolution, la décolonisation, etc. Constatant que, à l’école comme dans les médias, rien, depuis, n’a vraiment changé dans la manière de présenter l’histoire, l’écrivain-journaliste récidive cet automne avec « Historiquement incorrect » (1). Sur ce que l’Occident médiéval doit ou non aux Arabes, sur Galilée, l’Eglise et la science, sur le sentiment de culpabilité qu’entretient l’Europe vis-à-vis de l’aventure coloniale, sur notre perception contemporaine de la Première ou de la Seconde Guerre mondiale, sur l’immigration, Sévillia bouscule les idées reçues, balaye les clichés et restaure la vérité historique, chiffres et témoignages à l’appui, en se basant sur les meilleures sources et les travaux de recherche les plus récents.

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