Archives mensuelles : mars 2017

Les liens de Pie XII avec l’Opus Dei

Le bienheureux Alvaro del Portillo, successeur de saint Josémaria Escriva à la tête de l’Opus Dei, est moins connu que ce dernier. Artège vient de publier une « Petite vie » écrite par François Gondrand, qui l’a côtoyé, et qui se lit comme un roman. On y trouve aussi les liens qu’entretenait Pie XII avec l’Opus Dei. Interview de l’auteur.

Pie XII.com : Après celle de saint Josémaria Escriva, fondateur de l’Opus Dei, vous venez de publier la première biographie du bienheureux Alvaro Del Portillo, son successeur. Pourquoi ?

François Gondrand : J’ai pensé qu’un ouvrage d’un accès facile rencontrerait son public et ferait connaître cette personnalité importante dans la vie de l’Église et dans l’histoire de l’Opus Dei, mais moins connu que le fondateur, Josémaria Escriva, canonisé en 2002. Alvaro s’est engagé dans l’Opus Dei, encore naissant, dès 1935, et il a accompagné Josémaria Escriva jusqu’au décès de celui-ci, en 1975, avant de lui succéder pendant près de vingt ans, en poursuivant l’élan fondateur, en promouvant l’expansion des apostolats dans de nombreux pays. À la tête de l’Opus Dei, il a été le principal promoteur de la béatification, puis de la canonisation du fondateur, et il a obtenu du saint-siège l’érection de cet institut séculier en prélature personnelle de l’Église, en 1982, accomplissant ainsi un vœu très pressant de son prédécesseur. Il a été lui-même béatifié par le pape François en 2014.

– De nombreux papes lui ont confié des responsabilités, à commencer par Pie XII : lesquelles ?

Pie XII, qu’il a rencontré pour la première fois en 1943, puis en 1946, en représentation du fondateur, l’a nommé en 1947 secrétaire de la commission spéciale pour les instituts séculiers, puis qualificateur de la Congrégation du Saint-Office en 1950, et consulteur de la Congrégation des Religieux en 1955. Jean XXIII lui a confié plusieurs charges en rapport avec la préparation du concile Vatican II. Au cours de celui-ci Paul VI l’a nommé expert de plusieurs commissions, et secrétaire de celle sur la discipline du clergé et du peuple chrétien. Puis il a été nommé consulteur de la commission post-conciliaire sur les évêques et le gouvernement des diocèses. Jean-Paul II l’a nommé aux synodes sur la réconciliation et la pénitence (1983), sur la vocation et la mission des laïcs (1987), et sur la formation des prêtres (1987).

– On sait que Pie XII a soutenu la fondation de nombreux instituts séculiers ou même de congrégations, comme celle de Mère Teresa. Quel rôle a joué Pie XII vis-à-vis de l’Opus Dei ?

– Avant même de recevoir l’abbé Escriva, en 1946, Pie XII souhaitait faire sa connaissance. Il en avait entendu parler par de jeunes universitaires qui terminaient leurs études à Rome. Il leur avait même demandé une photo de lui. Il priait avec Chemin, un recueil de considérations spirituelles qu’on lui avait remis. Il s’est montré très intéressé par ce qu’on lui avait dit du message de l’appel de tous à la sainteté et à l’apostolat de fidèles courants à exercer un apostolat chrétien dans tous les milieux que promouvait le fondateur de l’Opus Dei.

– Et pourquoi, selon vous ?

– On sait que l’apostolat des laïcs sous des formes nouvelles lui tenait à cœur. Une de ses grandes décisions fut la publication en 1947, d’une loi cadre, la constitution apostolique Provida Mater Ecclesia. Même si ce nouveau cadre juridique, qui créait les instituts séculiers, ne convenait pas tout à fait au fondateur de l’Opus Dei, celui-ci l’accepta, en attendant que l’Église accorde un jour à celui-ci un statut plus conforme à son esprit éminemment séculier, convenant mieux à des fidèles laïcs, non consacrés, travaillant et exerçant un apostolat au cœur du monde. Aujourd’hui prélature personnelle de l’Église, articulée au saint-siège par l’intermédiaire de la Congrégation des évêques, l’Opus Dei représente une des offres qui sont proposées à l’apostolat des laïcs. Mais c’est aux premières approbations de Pie XII qu’il le doit.

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